10 09 2014

Cuirasse et pot-en-tête de sapeur du génie, modèle 1833.

A la fois stratège et architecte militaire, Vauban (1633-1707) révolutionna les techniques de siège et la construction des fortifications. Une transformation qu’il accompagna de la création, en 1671, d’une nouvelle arme scientifique, distincte des artilleurs, un corps d’« engigneurs », formé et dédié aux opérations de génie militaire. Néanmoins, les sapeurs furent rattachés à l’artillerie et les travaux de siège restèrent confiés à l’infanterie. Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 1793, que l’arme du Génie fut véritablement constituée.

Formés aux travaux de sape, qui consistaient à s’attaquer aux fondations d’une forteresse ennemie, les sapeurs étaient également chargés de confectionner des protections sous forme de gabions ou fascines, de tracer ou dégager les routes, creuser des tranchées… Ils ont été des éléments décisifs lors des sièges menés sous l’Empire par Napoléon Ier lui-même à Dantzig (1807) ou Saragosse (1809).

Détail d’une estampe (Musée de l’Armée) Sape pleine, siège de Rome, 15 juin 1849, d’après Raffet Denis Auguste Marie (1804-1860) © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

Ces travaux demandaient une grande liberté de mouvement en même temps qu’une protection adaptée à leur exposition aux feux de l’ennemi. Seules unités à pied portant la cuirasse, les sapeurs étaient revêtus d’une protection particulièrement lourde et résistante, associée à un casque habituellement appelé pot-en-tête.

: cuirasse et pot-en-tête de sapeur du génie, modèle 1833 ©Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

Cette cuirasse, correspondant au modèle adopté en 1833, se compose d’un plastron et d’une dossière, en tôle laminée et fer corroyé, de 6 kg et 6,5 kg chacun, doublés d’une matelassure en toile de jute rembourrée de crin. Le buste était court et la taille haute, afin de laisser les jambes dégagées. Sans col, le cou était protégé par le garde-nuque et les cache-oreilles du pot-en-tête. La cuirasse était noircie au coaltar, un goudron obtenu par la distillation de la houille, utilisé à la fois pour ses propriétés imperméabilisantes et son rendu mat qui évitait le renvoi de la lumière. A la différence des défenses de corps de cuirassiers et de carabiniers, qui se déclinaient en plusieurs tailles et largeurs, il existait une seule cuirasse pour toutes les corpulences.

 

Cyrielle Daehn
Documentaliste
Département expert et inventaire