16 07 2014

Modèle de sabre d’honneur pour les officiers de cavalerie de ligne

Malgré la suppression des ordres et décorations d’Ancien Régime, les assemblées révolutionnaires successives n’ont jamais pu remettre en cause le principe de la distinction. Elles n’ont d’ailleurs eu de cesse de s’interroger quant à la nature et à la forme des récompenses propres à distinguer les militaires les plus méritants. Si quelques initiatives ponctuelles ont mené à la distribution d’armes dites de récompense nationale, c’est le général Bonaparte qui, au cours des campagnes d’Italie puis d’Egypte, fut à l’origine de la rationalisation de ce principe.

Sabre d'honneur pour la cavalerie, Nicolas-Noël Boutet, Manufacture de Versailles Vers 1800 Argent, métal, galuchat © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

Un arrêté du Premier Consul en date du 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799) officialisa et organisa l’institution des armes d’honneur. Exclusivement réservées aux militaires, elles étaient, selon l’unité ou la fonction de leur récipiendaire, de plusieurs types : fusils, mousquetons, trompettes, haches d’abordage, baguettes. Quant aux sabres, ils étaient réservés aux officiers et soldats qui s’étaient distingués par une action d’éclat ou des services extraordinaires.

Sabre d'honneur pour la cavalerie, Nicolas-Noël Boutet, Manufacture de Versailles Vers 1800 Argent, métal, galuchat © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

Offrant tous les gages d’un travail de grande qualité, la fourniture des armes d’honneur est confiée à la manufacture d’armes de Versailles et au célèbre arquebusier y officiant, Nicolas-Noël Boutet (1761-1833).

Garde de sabre d'honneur pour la cavalerie, Nicolas-Noël Boutet, Manufacture de Versailles Vers 1800 Argent, métal, galuchat © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier

Unique, notre arme est le modèle qui fut proposé par Boutet à l’approbation du Ministre de la guerre afin de récompenser les officiers de cavalerie de ligne les plus méritants. Créée dans l’esprit des sabres dits à garde de bataille, elle présente une monture en argent massif à palmettes et fleurons. La poignée est gainée de galuchat et filigranée en argent. La lame, droite, est une belle production de Klingenthal. Bleuie au tiers et décorée de trophées, de drapeaux, de haches et de faisceaux de licteurs, elle présente une belle finition. Le fourreau en tôle est garni de bracelets en argent soutenant deux anneaux.

Si cette arme n’est finalement pas du modèle qui fut adopté pour distinguer les officiers de cavalerie de ligne, elle reste néanmoins, dans sa physionomie, relativement proche de celles qui seront finalement décernées jusqu’aux premières distributions de la Légion d’honneur en 1804.

 

Ronan Trucas
Documentaliste
Département Expert et Inventaire