15 11 2012

Redécouverte d’une pièce insolite Bardiche, tabarzîn (Abu Moslem-Nâme)

Bardiche Tabarzîn

Dans le cadre du récolement décennal des collections du musée de l’Armée, une mission spécifique portant sur les armes blanches relevant de l’ensemble des départements du musée a permis de redécouvrir une étonnante hache dite bardiche. Cette arme est entrée dans les collections du musée en 1964 avec la collection Pauilhac. Son examen récent a révélé, outre son intérêt historique et militaire, les liens qu’elle entretient avec la tradition mystique musulmane.

Ce type de hache faisait partie de l’armement des Strelitz, corps d’infanterie russe dissout par Pierre le Grand en 1720. Une inscription en persan sur la lame nous instruit sur l’utilisation postérieure qui a été faite de cette pièce. Les vers gravés sur le fer indiquent en effet que l’arme a appartenu à un derviche. La hache (tabarzînen persan) symbolise la vie errante de ces ascètes soufis ; elle représente leur distance face à ce monde. Ainsi, le texte « Le pauvre et misérable derviche Ašraf Qâdirî / Celui qui suit la religion du noble Muhammad / Alî, je t’implore – je suis le glaneur de ta moisson près de Hâr.ânît (?) »* signifie-t-il que le derviche se retire de la société et s’en remet à Dieu – et à Ali, son représentant sur terre – pour sa subsistance, par la mendicité et le glanage notamment. Elle représente aussi la lutte spirituelle de l’ascète contre les passions.

Détail des inscriptions sur la lame de la bardiche tabarzîn