En 1415, le terme de « hausecol » est relevé pour la première fois en Flandres et désigne une pièce qui, faisant partie intégrante de l’armure du chevalier, protège son cou et descend jusqu’aux épaules. Alors que, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, la généralisation de l’arme à feu portative entraîne l’allègement de l’habit militaire, l’armure en métal est délaissée au profit de matériaux plus souples. Le hausse-col devient un objet autonome et le dernier vestige de l’armure que chaque officier porte autour du cou jusqu’en 1881.
Au XVIIIe siècle, le hausse-col est composé d’une plaque en forme de croissant de lune, le plus souvent en laiton. Il est orné d’un médaillon central, partie la plus décorée, qui, par ses symboles et son iconographie, permet de le dater. Des macarons permettent de l’attacher autour du cou.
En 1767, à l’issue de la Guerre de Sept ans, le duc de Choiseul réforme l’uniforme des troupes, dont le hausse-col. Choiseul impose désormais sur le médaillon un ornement aux armes du roi de France : un écusson orné de trois fleurs de lys et surmonté de la couronne royale. Cette iconographie évolue de nouveau avec la Révolution française.
Sur ce hausse-col daté des années 1789-1792, deux écussons sont accolés au centre. Celui de gauche, orné de trois fleurs de lys et surmonté de la couronne royale, est aux armes du roi et évoque la monarchie constitutionnelle. Celui de droite, frappé du faisceau de licteur* et entouré par la devise « NOTRE UNION FAIT NOTRE FORCE », est surmonté d’une couronne civique, plus haute distinction accordée à un militaire dans l’antiquité ; il fait ainsi référence aux idéaux révolutionnaires inspirés de la République romaine. Au centre, une épée porte un bonnet phrygien. Derrière apparaissent les branchages d’un arbre, symbole de liberté et de croissance. L’ensemble est surmonté d’une banderole marquée de la devise « LA NATION LA LOI LE ROI ». Les deux écussons sont encerclés par un trophée composé de tambours, canons et drapeaux dont les piques ont la forme de fleurs de lys.
Ce hausse-col, qui appartenait à un officier de la Garde nationale, milice civile constituée en 1789 à Paris et commandée par le marquis de La Fayette, porte donc à la fois les symboles de la monarchie et ceux de la future République. Ce qui confirme que l’iconographie de cet objet militaire, illustrant cette période de transition, reflète l’évolution des régimes politiques comme de leurs symboles.
* Il s’agit d’une hache entourée d’une lanière qui était portée par les licteurs, officiers au service d’un magistrat, dans la Rome antique.
Charlotte Protard – Agent récoleur
Crédits photos (C) Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais – © Marie Bour