« Quel hussard, un vrai hussard et un vrai gamin qui plus est ! » (Léon Tolstoï, La Guerre et la Paix)
La hardiesse, l’audace et l’élégance des cavaliers « houzards » ont nourri, depuis le XIXe siècle, l’imagination et l’écriture romanesque.
Ces cavaliers intrépides étaient originaires de Hongrie. Puis, diverses armées européennes, dont la France, se sont dotées de leur propre corps de hussards.
Les caractéristiques de l’uniforme hongrois sont la pelisse à brandebourgs (manteau des hussards doublé de fourrure, dérivé de la peau de loup portée sur l’épaule gauche) [1], le dolman (veste garnie de brandebourgs), le gilet (dolman sans manche), le bonnet et la sabretache. La pelisse et le gilet [2] exposés au musée de l’Armée sont représentatifs de l’uniforme réglementaire des officiers hussards du Premier Empire. Le 4e régiment est ainsi dénommé parce qu’à partir de 1791 les régiments de l’Armée française ne portent plus le nom de leur colonel-propriétaire et sont désignés par un numéro qui indique leur ancienneté. Il a participé notamment à la bataille d’Austerlitz en 1805, puis aux campagnes de Prusse et de Pologne et en particulier à la bataille de Friedland en 1807.
L’uniforme de cette unité de hussards garde les mêmes couleurs pendant tout le Premier Empire : drap de laine écarlate et tresses jaunes pour la pelisse et le gilet qui sont des composantes de la tenue d’hiver [3]. La pelisse dite d’apparat est portée sur l’épaule gauche par-dessus le dolman; elle est dite d’usage lorsqu’elle est endossée intégralement sur le gilet.
De très belle facture, ces habits sont brodés de nœuds hongrois en soutache, galonnés de fils métalliques dorés et de soie, et agrémentés de boutons en métal doré. La pelisse est bordée d’une fourrure naturelle en renard roux qui était destinée aux officiers supérieurs. Mais cette fourrure, comme la doublure de la pelisse ne sont pas d’origine.
Les noms des quatre colonels qui se sont succédé durant le Premier Empire nous sont bien connus mais nous ne possédons pas d’informations explicites sur l’identité de celui qui a porté ces effets.
Nous savons en revanche que la pelisse et le gilet ont été légués en 1915 au musée de l’Armée par le peintre militaire Édouard Detaille (1848 – 1912) qui était, aussi, un éminent collectionneur et qui s’est très probablement inspiré de ces pièces pour faire le portrait du colonel André Burthe (1805-1811) mais rien ne nous permet d’affirmer que ces habits aient réellement appartenu à son modèle. Le tableau intitulé « Vive l’Empereur » daté de 1891, est actuellement conservé à la Art Gallery of New South Wales à Sydney, dont il est une des œuvres phares [4]. On y voit le colonel André Burthe, vêtu de la pelisse écarlate du 4e régiment des hussards, donner la charge lors de la bataille de Friedland, le 14 juin 1807. Le souci du détail est manifeste dans le traitement pictural de l’habit : on y retrouve notamment, soigneusement représentées, la fourrure de renard roux et les ganses métalliques dorées de notre pelisse. Le musée de l’Armée possède une photogravure de cette peinture, réalisée à partir d’une photographie ancienne prise dans l’atelier d’É. Detaille [5].
Priscilla Osseni
Département Experts et Inventaire
[1] André Corvisier, Les hussards et la France, Bruxelles, 1993, p.157
[2] Pelisse : inv. 0427. H. 0,900 m (avec manches) ; L. 0,450 m. Gilet : inv. 0427-1.
[3] Rigo « Le Plumet », « Les hussards », Gazette des uniformes, Paris, 1975-1976, p. 9
[4] Inv. 4560. Huile sur toile. 445,0 x 512,5 x 14,0 cm avec cadre. Le tableau a été acheté par la Art Gallery New South of Wales en 1893 à Paris.
[5] Inv. 0116. H. 0,550 (sans cadre) ; L. 0,650 (sans cadre). Paul Willing, Napoléon et ses soldats. L’apogée de la gloire, 1804-1809, p. 117
Crédits photos : ©Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais