Une salle thématique en partie dédiée aux modèles d’artillerie ouvrira ses portes à l’automne 2014. La restauration d’un grand nombre de pièces, entreprise depuis plusieurs mois par l’atelier métal, permet de redécouvrir certaines inventions extravagantes ou fantaisistes comme ce petit canon démontable du début du XVIIIe siècle.
Les canons en fonte de fer deviennent prépondérants dans l’artillerie de marine sous le règne de Louis XIV (1648-1715). Les forges se développent, entrainant un ralentissement de l’activité des fonderies de bronze dédiées à la marine. Loin d’être inactifs, certains fondeurs entreprennent alors des recherches visant à améliorer les matériels d’artillerie en service. C’est le cas de Nicolas de Saint-Hubert, installé à Rochefort et inventeur de plusieurs bouches à feu pour le moins étonnantes, dont quelques unes sont conservées au musée de l’Armée.
En 1712, il imagine et fabrique un canon qui se démonte en sept parties emboîtées les unes aux autres et reliées par des boulons et des clavettes, afin d’être plus facilement transportable. Cette pièce est testée le 5 février 1712 avec trois livres de poudre et un boulet de 12 livres. Le résultat est catastrophique : le boulet parcourt 500 m mais toutes les clavettes du premier emboîtement cèdent et la culasse de plus de 150 kg est projetée sur une maison 25 m en arrière. D’après Saint-Hubert, « en faisant des tenons plus massifs et des boulons à proportion, ce canon souffrira l’épreuve puisque les autres emboîtures n’ont aucunement été endommagées ». Le fondeur conçoit un nouveau prototype à échelle réduite, composé seulement de cinq tronçons maintenus par vingt boulons et écrous en fer.
Ce canon démontable a été baptisé Le Commode, probablement en référence à sa facilité supposée de transport, mais il n’a pas été adopté. En effet, si la pièce avait été réalisée à taille réelle, la masse de bronze nécessaire à la réalisation des nombreuses oreilles dans lesquelles passent les vis aurait considérablement alourdi le canon et, le montage nécessitant la mise en œuvre d’engins de levage et de manutention, aurait été très onéreux et parfaitement incommode !
Antoine Leduc, département Artillerie