Au cours des années 2011 et 2012 le musée de l’Armée s’est porté acquéreur de plusieurs objets, képi, fanions, albums photographiques, dessins, épée… qui viennent enrichir ses collections. Voici un aperçu de ses acquisitions :
Képi modèle 1914 (2e type). Don du général Tesbot
Remplaçant l’ancien képi modèle 1884 à bandeau bleu fonce et turban garance, ce képi modèle 1914 (2e type), en drap bleu horizon, a appartenu au sergent Alexandre Tessot, né le 21 juillet 1875 à La Ricamarie (Loire). Mobilisé à la 10e compagnie du 103e régiment territorial d’infanterie le 3 août 1914, il est ensuite affecté au 38e régiment d’infanterie en garnison à Saint Étienne le 22 septembre. Puis il rejoint le front avec la 19e compagnie du 3391e régiment d’infanterie et combat dans les Hauts-de-Meuse et en Lorraine. Comme plusieurs milliers d’autres ouvriers mobilisés en 1914, en application de la loi du 26 juin 1915 dite «loi Dalbiez», le sergent Tesbot est évacué du front le 30 juillet 1915 comme «affecté spécial» en qualité de fraiseur dans une usine d’outillage de précision à Saint Etienne.
Fanion personnel du colonel Marcel Bigeard « Croire et Oser». Don de Marie-France Bigeard.
Ce fanion personnel du colonel Bigeard reprend la devise du 6e bataillon colonial de commandos parachutistes forme à Quimper en 1948, qui devient le 6e BPC, dont Bigeard prend le commandement en Indochine en juillet 1952 et avec lequel il combat a Dien Bien Phu jusqu’à la chute du camp retranché, le 7 mai 1954. Plus tard, lors des opérations qu’il mène pendant la guerre d’Algérie, son fanion est hissé sur le lieu de son poste de commandement, comme l’attestent des photographies de l’époque Une fois sa carrière terminée, le fanion restera dans son bureau.
Fanion du commando Georges(1959). Don de Marie-France Bigeard.
Créés à partir de 1959, les commandos de chasse sont des unités destinées à poursuivre les katibas de l’ALN dans les djebels. Le Commando 135, rattaché au 1er bataillon du 8e régiment d’infanterie motorisé, est créé en février 1959 par le lieutenant Georges Grillot, ancien sous-officier qui s’est illustre en Indochine. Formé d’anciens fellaghas, le commando « Georges », qui porte sa devise « Chasser la misère » au revers de son fanion, combat dans le secteur de Saida (zone sud-oranais) jusqu’en 1962.
Album comprenant treize tirages photographiques représentant des sapeurs de la Garde impériale (vers 1860).
Épreuves sur papier albuminé provenant de l’ancienne collection Georges Sirot, cet album regroupe treize portraits de sapeurs du régiment des lanciers de la Garde impériale de Napoléon III. Ces photographies ont peut-être été prises à Paris ou en région parisienne par un photographe encore non identifié malgré la signature. La plupart des modèles portent l’uniforme de grande tenue orné de la médaille d’Italie et de la médaille militaire. Corps d’élite, le plus prestigieux de l’armée du Second Empire, la Garde impériale est instituée par un décret du 1er mai 1854 et s’inspire largement de son aïeule créée sous le Premier Empire. Cette série de portraits montre des hommes d’âge mur, probablement rengagés, emblématiques de cette armée professionnelle ou beaucoup de soldats comptent entre dix et quinze ans de service Les traits marqués des visages, soulignés par une barbe abondante, renvoient à la figure du grognard de la vieille Garde de Napoléon Ier.
Octave Penguilly L’Haridon (1811-1870), Catalogue des collections du musée d’Artillerie (vers 1863).
Officier, mais également peintre et conservateur du musée d’Artillerie Octave Penguilly L’Haridon est l’auteur d’un catalogue des collections paru en 1862. II en avait envisagé une édition illustrée consacrée aux armes préhistoriques et antiques dont ce manuscrit constitue la maquette. Autour des notices imprimées de 1862, collées au centre des pages blanches du cahier utilisé pour composer son volume, Penguilly L’Haridon a complété ou modifié les textes d’introduction de certains chapitres, mais il a surtout finement dessine de sa main, dans les marges ou sur des feuilles de papier Japon contrecollées les silex tailles, poignards de l’âge du bronze ou fers de hache qui faisaient l’objet de son commentaire. Le talent de paysagiste de Penguilly L’Haridon s’exprime également dans le croquis à la plume illustrant un village lacustre qui ouvre ce manuscrit.
Album comprenant cinquante-deux épreuves sur papier baryté.
C’est un soldat français qui a collecté et, peut-être, réalisé pour partie cet album, lors de l’expédition internationale contre les Boxers en Chine à partir de 1900. Cette expédition de huit nations alliées prend place dans le contexte de la révolte des Boxers contre les réformes en cours, plus largement contre la dynastie Qing et la présence étrangère. L’épisode du siège des légations étrangères, connu sous le nom des 55 jours de Pékin, amène les huit nations à s’allier pour la libération des légations, la protection de leurs populations et de leurs intérêts commerciaux en Chine. Ces photographies ont été réalisées après le siège de Pékin et documentent l’importante présence étrangère ainsi que les nombreuses exécutions conduites en représailles contre les Boxers. Le fait qu’elles soient dues à un amateur illustre la démocratisation du procédé et l’apparition d’un nouveau mode de représentation de la guerre par les acteurs eux-mêmes qui se développera lors de la Première Guerre mondiale.
Guillaume Apollinaire (Rome 1880- Paris 1918), Autoportrait en canonnier (aquarelle sur papier) et Autoportrait en cavalier masqué décapité (aquarelle et traits préparatoires à la mine de plomb sur papier).
Sujet polonais de l’empire russe Apollinaire sollicite sa naturalisation et milite aux cotés de Riciotto Canudo pour l’engagement des volontaires étrangers. Soldat puis officier de décembre 1914 à mars 1916 le poète se nourrit du spectacle et de l’atmosphère transgressive de la guerre jusqu’à la blessure à la tête due à un éclat d’obus qui le menace de paralysie avant qu’une trépanation ne lui permette de reprendre son activité créatrice. II réalise durant son hospitalisation, l’Autoportrait en canonnier qui renvoie à son expérience du front tandis que l’Autoportrait en cavalier masqué décapité semble illustrer la scène finale du Poète assassiné dont il pourrait constituer un projet de frontispice.
Parachute T7
Le parachute T7 est la dernière évolution du parachute T5 utilisé par les parachutistes américains lors du jour J, le 6 juin 1944. Plus pratique, le T7 adopte une boucle d’ouverture rapide du harnais, copiée sur celle du parachute anglais type X quick release box, pour simplifier le dégrafage de celui-ci à l’arrivée au sol. Mis en service à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lors de l’opération aéroportée Varsity en 1945 en Allemagne, il est ensuite très utilisé par les parachutistes français durant la guerre d’Indochine. Cet exemplaire, fabriqué par la firme RELIANCE MFG CO en 1944 aux États-Unis, est complet, avec sa voilure camouflée, ainsi que son carnet d’entretien (log record) qui porte le même numéro que le parachute et indique qu’il a été visé pour la dernière fois le 7 mai 1945
Crédits photos : © musée de l’Armée (Dist. RMN-Grand Palais) photos Émilie Cambier et Christophe Chavan