Dans le cadre de l’étude historique de ses collections et à l’occasion du 70e anniversaire de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, le musée de l’Armée présente une sélection de casquettes et képis d’officiers de la Seconde Guerre mondiale. Objet de distinction militaire, d’apparat et symbole patriotique, la casquette ou le képi devient la coiffure emblématique de l’officier de la Seconde Guerre mondiale. Le couvre-chef est porté par les officiers de toutes les armées engagées, aussi bien en tenue de campagne qu’en tenue de ville ou de cérémonie. La présente étude expose les cas allemand et français. Un prochain article portera sur l’analyse des coiffures d’officiers des armées britannique, soviétique et japonaise.
Très belle casquette (Schirmmütze) à coiffe gris-bleu de tenue réglementaire modèle 1937 pour officier subalterne et supérieur de la Luftwaffe, taillée comme de règle dans du tricot, et de forme plate (Tellerform) [1].
Cette Schirmmütze d’un type courant présente une visière en fibre vulcanisée noire. Celle-ci reçoit la fausse-jugulaire de coiffure d’officier en fil d’aluminium torsadé, maintenue sur le bandeau au moyen de deux boutons métalliques. Les trois passepoils de couleur argentée, placés à la jonction du fond et du turban et de part et d’autre du bandeau, identifient le porteur comme un officier de la Luftwaffe.
La casquette est dotée des attributs brodés en fil de cannetille d’aluminium, réservés aux coiffes d’officiers de l’aviation [2] : l’emblème national (Hoheitszeichen) est cousu sur le turban du type initial de 1935-1937 avec les plumes de la queue abaissées, et les ailes plus développées qu’auparavant ; la cocarde aux couleurs du Reich placée au-devant du bandeau est entourée d’une couronne de feuilles de chêne et d’ailes stylisées.
Képi brodé modèle 1919 de général d’armée, ayant appartenu au général Aubert Frère, fondateur de l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.) en décembre 1942, mort pour la France au camp de représailles du Struthof, à Natzwiller (Bas-Rhin), le 13 juin 1944 [3].
Ce képi présente, comme le veut le règlement, une visière arrondie en cuir verni noir [4]. Une soutache plate en or dit « au boisseau » est appuyée sur la visière.
Le bandeau en velours bleu-noir est orné de deux rangées de branches à feuilles et glands de chêne de 15 mm et 12 mm de hauteur pour coiffure d’officier général, brodées pour moitié en cannetille mate et en filé brillant avec nervures en paillettes. La jonction du bandeau et du turban est garnie de trois soutaches horizontales : un cordonnet de paillettes guipées est surmonté d’une torsade en cannetille or et d’une dernière baguette en cannetille argentée de 3 mm pour grade d’officier supérieur.
Le turban de drap garance comprend trois soutaches d’ornement verticales semblables en cannetille or distinctives de général d’armée. Le calot, de même nuance que le turban, reçoit une simple soutache en cannetille or entourant le bord du calot, dans son renfoncement, ainsi qu’un nœud hongrois en soutache de quatre brins pour officier supérieur, cousu en or au milieu.
Antoine Leriche
Département Experts et Inventaire
[1] LEFEVRE (Eric), MALVAUX (Bertrand), « Les Schirmmützen de la Luftwaffe, 1935-1945 », Militaria magazine, n°150 – Janvier 1998, p. 28-35.
[2] LEFEVRE (Eric), MALVAUX (Bertrand), ibid., p. 30-32.
[3] WEYGAND, Le Général Frère : un chef, un héros, un martyr, Paris, Flammarion, 1950, p. 221.
[4] COUNE (Frédéric), Les Coiffures militaires françaises : 1870-2000, Paris, Histoire & Collections, 2012, p. 5.
Crédits photos :
– Casquette d’officier de la Luftwaffe allemande : © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais.
– Képi de général d’armée français : © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette.