En octobre 2011 la bibliothèque du musée de l’Armée s’est vue proposer un ensemble d’ouvrages émanant de la bibliothèque personnelle de Pierre Couperie, chercheur à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales), disparu un peu plus tôt en décembre 2009. Déjà donateur d’un colt (acquisition 2003.54) plusieurs années auparavant, Couperie avait émis le souhait de voir une partie de sa bibliothèque, notamment un fonds « Guerre de Sécession » ainsi qu’un fonds dit «Armes et histoire militaire», intégrer les collections du musée.
Né à Montauban en 1930, Pierre Couperie passe l’essentiel de sa carrière à l’EHESS, au Centre de recherches historiques, où il anime des séminaires, notamment sur les « paralittératures ». Passionné de bandes dessinées, notamment américaines, il préface de nombreuses éditions ou rééditions et entame la publication, en 1974, en collaboration avec Henri Filippini et Claude Moliterni, d’une Encyclopédie de la bande dessinée [1]. Véritable historien du genre, il est également le maître d’œuvre de l’exposition Bande dessinée et figuration narrative présentée au Musée des arts décoratifs en 1967, l’une des toutes premières sur le sujet en France.
Pierre Couperie avait rassemblé tout au long de sa vie une impressionnante documentation qui occupait une bonne part de son labyrinthique domicile du 5e arrondissement de Paris. Cette collection a été répartie entre différentes institutions. L’ensemble des archives a ainsi rejoint les fonds de la bibliothèque de la Cité internationale de la bande dessinée à Angoulême, une grande partie du fonds d’ouvrages « science-fiction » a été reversée à la Bibliothèque nationale de France.
La bibliothèque du musée de l’Armée a pour sa part recueilli un fonds « Armes et histoire militaire », soit un peu moins de 120 volumes, en rapport avec la Seconde Guerre mondiale notamment, mais aussi des lots de périodiques (AFV/weapons profile, Armour in profile, Profile Warship, Ensign…). Enfin, un fonds « Guerre de Sécession » regroupant près de 130 volumes, essentiellement récents (XXe siècle), à quoi s’ajoutent des périodiques (Blue & Gray, Civil War History, quelques numéros en fac-similé de Harper’s Weekly), majoritairement en langue anglaise (américain). Couperie passait commande directement aux États-Unis, certains de ces ouvrages constituent donc des raretés, du moins en France.
Pierre Couperie partageait avec les dessinateurs qu’il étudiait (ceux de sa génération, comme Hugo Pratt, à qui elle servait de point de départ pour leur création) le goût pour la documentation historique, notamment militaire, ainsi qu’en témoigne la dessinatrice Nicole Lambert : « C’est le premier universitaire sérieux qui a vraiment donné ses lettres de noblesse à la BD. Il était aussi bien spécialiste de la bande dessinée qu’un historien médiéviste de premier plan. Il était fasciné par la Guerre de Sécession qu’il connaissait dans les moindres détails. Il pouvait dire : « Vous savez, dans la musette du fantassin, il y avait trois cartouches de moins que chez les autres » [2].
L’un des tous premiers parmi les conflits « modernes », abondamment documenté par les récits personnels des belligérants, mais aussi par la photographie (Matthew Brady), comme le sera la guerre franco-allemande de 1870-71 qu’elle précède de quelques années, la Guerre de Sécession ou American Civil War (1861-1865) était jusqu’à présent assez peu représentée dans les collections de la bibliothèque. Le don Couperie nous permet d’enrichir l’étude des conflits de la seconde moitié du XIXe siècle, et sera proposé à la consultation dès la réouverture du centre documentaire, prévue pour 2016.
Jean-François Charcot, bibliothécaire.
[1] Pierre Couperie, Henri Filippini, Claude Moliterni, Encyclopédie de la bande dessinée, Ivry, éditions SERG, 1974-1975.
[2] Citée sur Actua BD – le site de référence pour la bande dessinée francophone : http://www.actuabd.com/ (consulté le 13 août 2015).
Crédits photos : (c) Paris – Musée de l’Armée