Le musée de l’Armée procède à des dépôts d’objets et d’œuvres dans de nombreux musées, ainsi que dans ceux relevant du ministère de la Défense, afin d’enrichir leur parcours et leurs collections. Ce lien renforce les relations qui unissent ces musées qui ont pour ambition commune de mettre en valeur le patrimoine militaire et de le faire découvrir au plus grand nombre.
Créé pendant la Première Guerre mondiale dans le cloître de l’ancienne abbaye du Val de Grâce à Paris, qui abritait déjà depuis 1796 l’hôpital militaire du même nom, le musée du Service de Santé des Armées [1] bénéficie, dès son ouverture, d’un dépôt du musée de l’Armée. Rattaché à l’École d’Application du Service de Santé des Armées, ce musée est une vitrine de la médecine militaire et de son évolution par la présentation de l’équipement des unités du Service de Santé et de sa mission de soutien des forces armées lors des conflits. Au final, cinq dépôts du musée de l’Armée ont été consentis entre 1916 et 1969, concernant plus d’une centaine d’objets liés pour la plupart à des personnalités marquantes de l’histoire médicale militaire.
Le chirurgien Jean-Baptiste Foucart (1768-1845), major des dragons de la Garde impériale de 1808 à 1815, utilisa cette boîte d’instruments de chirurgie pendant la campagne de Russie de 1812. Elle témoigne du développement, au cours du Premier Empire, de la médecine d’urgence face au nombre considérable des blessés des campagnes napoléoniennes, à l’initiative de l’illustre Baron Dominique-Jean Larrey [2] qui enseigna la pratique de ces soins très spécifiques.
En cuir marron avec des ornements en laiton doré, cette boîte de chirurgie est destinée aux opérations de trépanation. Elle se compose de plateaux mobiles et de compartiments recouverts de velours vert, dans lesquels se placent les instruments en acier. Le vilebrequin, l’outil qui crée le mouvement de rotation, est manquant. En revanche, sont présents : les trépans couronnés, les tire-fonds, les rugines, les élévatoires, la sonde creuse à tige mobile, la brosse et les aiguilles, instruments utilisés afin de relever les os enfoncés dans la boîte crânienne suite à un choc ou d’effectuer un percement pour retirer un épanchement.
Ce nécessaire permettait ainsi au médecin d’être mobile et de réaliser au plus vite les premières interventions et surtout les actes chirurgicaux, au plus près des champs de bataille afin d’améliorer les chances de survie des blessés, avant que ces derniers ne soient transférés vers l’arrière puis rapatriés.
Clotilde FOREST
Documentaliste, Département Experts et Inventaire
[1] http://www.ecole-valdegrace.sante.defense.gouv.fr/bibliotheque-musee/musee-du-service-de-sante-des-armees.
[2] Dominique-Jean Larrey (1766-1842), baron de l’Empire, suivit Napoléon Ier dans ses nombreuses campagnes militaires où il mit en place les premières ambulances chirurgicales mobiles. Inspecteur général du Service de Santé des Armées, puis chirurgien en chef de la Grande Armée, il est considéré comme « le père de la médecine d’urgence » et il est reconnu pour sa dextérité chirurgicale lors des amputations.