En 2010, le musée de l’Armée a acquis en vente publique une hampe d’étendard du régiment Penthièvre-Cavalerie (Inv. 2010.21.1). Celle-ci avait rejoint les salles du département moderne, dans la partie consacrée aux emblèmes et à la musique (vitrine 10AR3) et fait l’objet d’une notice dans le portfolio intitulé « Figures de soldats ».
Grâce à la Société des Amis du Musée de l’Armée, il a été possible, le temps d’une séance de prises de vues, de rapprocher cette hampe de l’étendard qui lui correspond. Cette séance a donc été l’occasion de réunir un moment les deux éléments d’un ensemble exceptionnel puisque l’examen des deux objets laisse à penser qu’ils étaient à l’origine associés. En effet, les stigmates laissés par le clouage de l’étendard à la hampe se superposent parfaitement.
Cet étendard se présente comme un carré de soie rouge cramoisi de 52 centimètres de côté. Les deux faces sont décorées d’une bordure de rinceaux brodés en fils d’or et d’argent, cantonnés aux angles de fleurs de lys. L’avers représente Persée portant le bouclier sur lequel il a fixé la tête de Méduse et chevauchant le cheval Pégase. Le revers est, lui, orné du traditionnel soleil radié surmonté de la devise royale NEC PLURIBUS IMPAR. Les deux faces se répondent puisque Persée est un héros solaire combattant les forces du mal. Pégase, lui, évoque évidemment la vocation équestre du régiment.
Le régiment de cavalerie des ducs de Penthièvre trouve son origine dans le régiment levé 1674 par le marquis d’Heudicourt ( ?-1720) qui lui donne son nom. Réformé à la paix de Nimègue (1678), il est reconstitué en 1682 sous le nom de Praslin. En 1693, le régiment prend le nom de Toulouse, lorsqu’il devient la propriété du fils naturel de Louis XIV, Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737). C’est à lui que l’on attribue généralement la paternité du motif de l’étendard ainsi que de la devise TERRA.QUE.MARI.QUE (et par terre, et par mer) que celui-ci adopte lorsqu’il est élevé à la dignité de Grand-Amiral de France en 1697. A sa mort, en 1737, le régiment est légué à son fils, Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), et prend le nom de Penthièvre.
Enfin, en 1776, le régiment devient Penthièvre-dragons. A cette époque, les emblèmes attribués aux régiments de dragons consistent en deux guidons, des drapeaux se terminant par deux pointes, à l’image du guidon du régiment La Reine-dragons (Inv. 997.900) conservé dans les collections du musée de l’Armée.
Les anciens étendards du régiment de cavalerie de Penthièvre sont alors donnés à Marie-Antoine-Sérapion Reynaud de Monts (?-?), alors colonel en second du régiment. Ces deux ensembles étendards-hampe, conservés dans la famille, sont finalement séparés et les hampes apparaissent ainsi en vente publique.
Dominique Prévôt, C.E.D, département Moderne.