L’exposition présentée jusqu’au 14 janvier au Musée du Luxembourg sur l’art du peintre Pierre-Paul Rubens comme portraitiste des têtes couronnées de son temps a laissé de côté une œuvre qui aurait pu figurer sans déchoir parmi la belle série d’effigies princières ou royales réunies à l’occasion de cet événement.
Le musée de l’Armée abrite en effet depuis 2014 un beau portrait du jeune Louis XIII couronné par la Victoire, déposé par les Royal Armouries, notre confrère britannique. Attribué à l’atelier de Rubens, ce tableau monumental est certes inégal – l’effigie du jeune roi, traitée avec une certaine raideur, contraste avec la générosité picturale de l’allégorie de la Victoire qui le couronne – mais cette hétérogénéité se retrouve dans beaucoup des réalisations du grand maître anversois, qui laissait en effet une grande partie de l’exécution des commandes qui lui étaient faites aux artistes plus ou moins talentueux qui œuvraient au sein de son atelier. La mise en scène de ce portrait royal, en revanche, offre un écho saisissant aux grandes compositions exécutées par Rubens entre 1622 et 1625 pour la galerie de Marie de Médicis en son palais du Luxembourg, aujourd’hui au musée du Louvre : représenté trônant, revêtu d’une armure dorée, dominant un trophée d’armes évoquant sa passion constante pour l’arquebuserie et la matière militaire, Louis XIII semble à la fois narguer sa mère, Marie de Médicis, dont il a vaincu les troupes à la bataille des Ponts-de-Cé en 1620 et se moquer de l’ambitieux cycle pictural que cette dernière a souhaité laisser à la postérité pour célébrer son œuvre de reine de France et de régente. Le visage juvénile du jeune roi fait de plus écho à l’unique portrait du souverain exécuté de la main de Rubens, réalisé en 1622, lors de son premier séjour à Paris (Melbourne, National Gallery of Victoria).
Pour en savoir plus sur cette œuvre et sur les intrigantes activités d’espion de Rubens en France, voir le catalogue de l’exposition Mousquetaires !, organisée par le musée de l’Armée en 2014, ouvrage publié par les éditions Gallimard.