Le musée Royal 22e régiment installé dans la citadelle de Québec consacre une exposition aux peintres français qui ont représenté le premier conflit mondial [1]. Ce projet est le fruit d’un partenariat entre la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives et le musée Royal 22e régiment. Il est fondé sur les collections de peintures et de dessins du musée de l’Armée, pour certaines, inédites, et restaurées à l’occasion de ce prêt exceptionnel.
Ainsi, le musée de l’Armée prête une vingtaine d’œuvres sur toile, bois papier et carton répondant à différentes thématiques en lien avec la guerre (scènes de la vie quotidienne des soldats, champs de bataille…) et réalisées par des artistes aux statuts divers : peintres combattants, artistes missionnés sur le front par le sous-secrétariat d’État aux beaux-arts, artistes recommandés par le général Niox, directeur du musée de l’Armée à l’époque ou encore peintres restés à l’arrière.
Trop âgé pour être mobilisé, Henri Gervex (1852-1929) participe à l’effort de guerre à travers sa peinture et réalise L’Ambulance de la gare de Poitiers en 1915 [2], évoquant à travers cette œuvre, le rôle joué par les infirmières et leur engagement. Les soldats représentés ici portent le képi et le pantalon garance, typiques du début de la guerre. Les dessins de François Flameng (1856-1923) figurent quant à eux, les ruines et les ravages de la guerre sur le paysage. Dans La Bonne rencontre [3], Alexis de Broca (1838-1948) évoque le rôle joué par l’armée territoriale ainsi qu’un aspect de la vie des soldats pendant la guerre : celui de la rencontre entre un père et son fils, tous deux combattants, qui se croisent sur le front.
La mort et l’héroïsme sont évoqués notamment dans la Cérémonie funèbre, datée de 1916 [4] de Georges Scott (1872-1943), où l’artiste, par un jeu d’ombre et de lumière, confère à la scène une touche solennelle.
Cette exposition permet également d’évoquer l’histoire des collections iconographiques du musée de l’Armée ayant pour thème la Première Guerre mondiale, qui se sont enrichies notablement pendant la période 1914-1918. Elle pose la question des représentations pendant le conflit-même, celle des langages picturaux choisis pour traduire et documenter les aspects du front.
Laëtitia Desserrières, assistante au Cabinet des Estampes, Dessins et de la Photographie
[1] 1914-1918. La Grande Guerre vue par les peintres français. Œuvres des collections du musée de l’Armée – Paris, du 14 août au 11 novembre 2014.
[2] L’ambulance de la gare de Poitiers, 1915. Huile sur bois. Inv. 06752 C1 ; Eb 942.
[3] La bonne rencontre, 1915. Aquarelle, crayon de couleur, gouache, encre noire et plume sur papier vélin. Inv. 810 T, cote Eb 685.
[4] Cérémonie funèbre, 1916. Fusain, aquarelle et rehauts de gouache sur papier. Inv. 1048 T.
Photo (C) Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée