05 12 2013

Un canon de 95 mm Lahitolle entre dans les collections du musée de l’Armée

Le musée de l’Armée s’est récemment enrichi d’une pièce d’artillerie qui lui faisait défaut jusqu’à présent : un canon de position de 95 mm mle 1875 sur affût mle 1877. Grâce à une cession du ministère de la Défense, un exemplaire de cette pièce d’artillerie entre donc dans les collections du musée.

Canon de 95 mm Lahitolle

Il était important pour le musée de l’Armée d’acquérir un canon de 95 mm. En effet, ce matériel fabriqué dans un laps de temps très court (de 1875 à 1885 environ) témoigne de la politique de réarmement de la France au lendemain de la défaite de 1871. Cette pièce est aussi l’un des derniers exemplaires connus de cette arme adoptée dans l’urgence, en prévision d’une guerre que l’on a cru certaine et imminente en son temps.

Au lendemain de la guerre de 1870-1871, une fois la démobilisation effectuée, l’armée entame la réforme de ses matériels et de sa doctrine. L’artillerie est l’arme la plus concernée par la réorganisation et le réarmement : l’artillerie de campagne du système de la Hitte est obsolète et doit être immédiatement remplacée par des pièces à chargement par la culasse, afin d’améliorer la portée et la précision des tirs.

Le comité d’artillerie va donc lancer deux programmes parallèles :

– l’un permettant à court terme de doter l’armée française de pièces d’artillerie modernes, qui aboutit à l’adoption des pièces de 5 et de 7 de Reffye (1873-1874) ;

– l’autre permettant à long terme de disposer d’un nouveau système d’artillerie, incluant toutes les nouvelles avancées technologiques connues.

 

En 1875, alors que des essais pour l’adoption d’une pièce d’artillerie d’un Canon de 95 mm sur affût de campagnecalibre de 95 mm pour les batteries dites « de grande réserve » sont en cours, une crise diplomatique avec l’Allemagne [1] pousse le comité d’artillerie à adopter rapidement le canon de 95 mm du commandant Périer de Lahitolle pour renforcer l’artillerie de campagne. Cette pièce entièrement en acier, à âme rayée et à chargement par la culasse est le premier canon de ce type à être adopté par l’armée de Terre française.

A partir de 1880, les canons de 95 mm sont Canon de 95 mm sur affût de siège et de place modèle 1880placés sur un nouvel affût, dit « de siège et de place », afin de pouvoir répondre à une nouvelle mission : la défense des frontières, en étant placés dans les forts du système Séré de Rivières. Dès 1890, la majorité des affûts de campagne mle 1877 sont réformés, puis détruits.

 

Christophe Pommier, département Artillerie

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[1] : La crise « Krieg-in-Sicht » (guerre en vue). En 1875, Bismarck se sert de la presse pour sonder l’attitude des chancelleries européennes s’il lance une guerre préventive contre la France, dont le réarmement rapide est jugé problématique. Devant les réactions de soutien à la France, notamment de l’Angleterre et de la Russie, il abandonne l’idée de la guerre au profit d’alliances diplomatiques pour renforcer la place de l’Allemagne en Europe.