Grande première à l’occasion de l’exposition consacrée à Richard Cœur de Lion au musée historique du Palatinat de Spire (17 septembre 2017 – 15 avril 2018), avec le prêt d’un olifant consenti par le musée de l’Armée. En effet, ce cor (inv. P 575) réalisé dans une défense d’ivoire n’avait encore jamais quitté son écrin de l’hôtel national des Invalides.
Daté de la fin du XIIe siècle et provenant vraisemblablement d’un atelier sicilien au carrefour des civilisations orientales et occidentales, cet instrument de musique est donc contemporain de Richard Ier (1157-1199), le fils d’Henri II et d’Aliénor d’Aquitaine. Le souverain anglais s’est notamment rendu célèbre pour son amour des lettres et de la poésie, sa participation à la troisième croisade entre 1190 et 1192, puis sa captivité dans le Saint-Empire romain germanique à son retour de Terre sainte de 1192 à 1194.
Matière noble par excellence, l’ivoire, ici richement sculpté de chiens, éléphants, faisans et autres griffons (animaux légendaires mi-aigles mi-lions), ne pouvait appartenir qu’à un personnage de haut rang dont l’identité est à ce jour inconnue. Bien que des cors aient été utilisés à la guerre pour sonner la charge et dans les châteaux-forts pour « corner » l’alerte ou prévenir la population de l’arrivée d’une personnalité, celui-ci était avant tout destiné à la pratique de la chasse. Les bas-reliefs courant sur l’ensemble de la pièce sont autant d’indices pour établir cette utilisation cynégétique (liée à la chasse). Ainsi, en soufflant dans la pointe perforée de la défense, le chasseur peut-il avertir les veneurs et les chiens des différentes circonstances de la chasse. Le débucher, la vue, l’hallali et les honneurs étaient en effet toujours précédés d’un signal acoustique. Ce dernier alternait tons longs et brefs, car l’une des caractéristiques de l’olifant est de ne pas permettre de varier les hauteurs d’un son, mais uniquement leur durée.