04 07 2016

Un souvenir de la famille d’Orléans, le portrait de « Louis II de Bourbon, duc d’Enghien puis prince de Condé (1621-1686) »

Du 1er juin au 25 septembre 2016, le Musée basque et de l’Histoire de Bayonne organise une exposition intitulée La paix des Pyrénées : Politique et famille. Elle évoque la réconciliation entre la France et l’Espagne au terme d’un conflit qui débuta en 1635, pendant la Guerre de Trente Ans, et ne s’acheva qu’en 1659 avec la signature d’un traité entre la dynastie des Habsbourg et Louis XIV. A cette occasion, le Musée de l’Armée a été sollicité pour le prêt d’une huile sur toile (inv. 20691 ; Ea 687) représentant Louis II de Bourbon, duc d’Enghien puis prince de Condé (1621-1686). Ce prince de sang, cousin du roi de France fut un des meneurs de la Fronde et combattit la France du côté des Espagnols mais le traité des Pyrénées lui assura le pardon de Louis XIV. Cette exposition nous a permis de nous pencher sur une œuvre conservée depuis longtemps dans nos collections mais qui restait pourtant méconnue.

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Cette œuvre a été acquise par le musée à l’occasion de la prestigieuse vente de la collection du prince Charles Philippe d’Orléans, duc de Nemours (1905-1970), organisée par Etienne Ader le 11 mars 1971. Ce dernier est le descendant du prince Louis, duc de Nemours, fils cadet du roi Louis Philippe. Son épouse, Marguerite Watson, devenue la dernière héritière de la famille d’Orléans a été contrainte financièrement de disperser les collections. En l’absence d’historique précis, il est impossible de savoir quand cette œuvre est entrée dans la famille d’Orléans, la réputation de mécène des Orléans commençant avec Philippe de France, duc d’Orléans et frère de Louis XIV. La seule indication en notre possession est l’étiquette présente au dos du cadre attestant que le tableau appartenait au duc de Nemours en 1936. Son père Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme et d’Alençon, étant décédé en 1930, il est tout à fait possible que ce dernier ait légué cette toile à son fils.

En comparant ce tableau avec les différentes effigies connues du prince de Condé on ne peut qu’être frappé par la similitude qu’il présente avec l’œuvre de Juste d’Egmont Portrait de Louis II de Bourbon, prince de Condé, dit le Grand Condé en armure actuellement conservé au musée Condé de Chantilly (PE 131). La fameuse armure rivetée est quasiment la même et le visage présente des ressemblances certaines, même si le petit portrait conservé au musée de l’Armée est moins expressif. Le peintre s’est moins préoccupé de dépeindre véritablement le Grand Condé que de représenter ses traits les plus connus comme la moustache peu fournie et le léger strabisme pour donner une image parfaitement reconnaissable du prince. De nombreux tableaux de l’époque se sont inspirés de l’œuvre de Juste d’Egmont considérée comme « l’image officielle » du Grand Condé. Ainsi un portrait très similaire à celui du musée de l’Armée est également conservé au musée Condé de Chantilly (PE 643). La posture, l’armure, les couleurs sont quasiment identiques seuls le col et le visage présentent de légères différences.

Même si la recherche reste ouverte, l’histoire de ce tableau est déjà suffisamment riche pour nourrir l’historiographie du Grand Condé, figure représentée au musée de l’Armée par le grand portrait réalisé par Juste d’Egmond intitulé Louis II de Bourbon (1621-1686), duc d’Enghien (inv. 2007.31.1) et celui du peintre Jean Tassel (inv. 2007.7.1), visibles au sein de notre parcours permanent. Ce personnage sera prochainement à l’honneur à Chantilly à l’occasion d’une grande exposition monographique intitulée Le Grand Condé. Le rival du Roi-Soleil ? qui se déroulera du 4 septembre 2016 au 2 janvier 2017 où seront présentés ces deux tableaux.

Hélène Boudou-Reuzé
Assistante au de conservation au Cabinet des dessins, des estampes et de la photographie

Photo (C) Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée