Suite à la création du ministère de l’Armée de l’Air en 1928, une circulaire institue dès l’année suivante la réglementation de nouvelles tenues et coiffes dans l’aéronautique militaire et coloniale pour l’ensemble des cadres navigants. Ayant appartenu au général de l’armée de l’Air Martial Valin (1898-1980) [1], cet ensemble vestimentaire [2] s’inscrit dans cette nouvelle organisation.
Photo © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël
Né à Limoges en 1898, Martial Valin rejoint les rangs de la cavalerie française durant la Grande Guerre. Admis peu de temps après à l’école militaire de Saint-Cyr, il décide en définitive d’intégrer l’aviation où il est affecté à la 33e Escadre aérienne. Il se retrouve alors à la tête du premier groupe de Grande Reconnaissance de l’Armée de l’Air. Nommé par la suite à l’Etat-major de l’Armée aérienne, il travaille tout d’abord en étroite collaboration avec la Royale Air Force, puis est affecté en 1940, à la mission militaire française auprès du Gouvernement brésilien, à Rio de Janeiro. A la fin de l’année, il rallie la France Libre du général De Gaulle, puis se rend à Londres pour former et commander les Forces Aériennes Françaises Libres [3]. Dans le même temps, il réorganise l’aviation de transport française, forme les unités de parachutistes de la France Libre et constitue le groupe de chasse « Normandie » envoyé sur le front de l’Est. Totalisant à son actif plus de 5 000 heures de vol, dont 1 000 de nuit, il n’hésite pas à participer à plusieurs reprises à des opérations de bombardements, et ce malgré toutes les responsabilités que lui imputent sa fonction. A la Libération, il est promu au grade de général de corps aérien et devient alors le seul officier général de l’armée de l’Air à être maintenu sans limite d’âge dans la carrière militaire.
Conforme au modèle prescrit par la circulaire, ce veston en drap bleu-Louise, doublé en toile de coton, a notamment été porté par le général d’armée, Martial Valin. Caractérisé par un col ouvert, qui se ferme à l’aide d’une série de quatre boutons semi-bombés en laiton dorés, il dispose de part et d’autre de la boutonnière, de quatre poches à rabat simple sur lequel repose un bouton, estampé du symbole de l’armée de l’air : une étoile illuminant des ailes déployées [4]. Cousu au-dessus de la poche droite, l’insigne de pilote breveté, qui est décerné aux aviateurs militaires, est pourvu d’une broderie avec ce même attribut. Les passants d’épaules quant à eux s’ornent de cannetille et paillettes sur fond de drap bleu foncé tandis que les parements d’emmanchures en botte, ornementées de cinq étoiles en laiton doré, rappellent le grade de général d’armée aérienne, attribué au propriétaire de la vareuse.
Photo © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël
Avec ce veston, les généraux portent un pantalon bleu nuit, une paire de gant noir ou blanc, une chemise blanche, une cravate noire ainsi qu’une casquette à coiffe blanche, avec un bandeau brodé en cannetille d’or. Portée en service ou comme tenue de ville durant la semaine, cette dernière se compose d’une visière en cuir et d’une jugulaire en cannetille torsadée, maintenue par deux boutons en métal doré. Confectionnée à Châteauroux par le maître Chapelier « Marc », elle est ornée d’un écusson représentant deux ailes déployées en cannetille d’or, et de cinq étoiles dorées, qui précise le grade de général d’armée aérienne. La doublure en soie se caractérise ici par la présence des initiales de Martial Valin, le « M » et le « V » sont gravés sur deux petits supports métalliques.
Éva WALLE, Département Experts et Inventaire
[1] ALEXANDRA Alain, GALLIEN Pascal, CHABLAT-BEYLOT Agnès et le Service historique de l’armée de l’air française, Le général d’armée aérienne Martial Valin 1898-1980 : Répertoire numérique détaillé, département de l’armée de l’air, sous-série 10 Z, Archives de la Défense, 2006.
[2] Vareuse et casquette de général d’armée aérienne, porté par Martial Valin, France, vers 1940-1944, musée de l’Armée, n° inv. 999.1235 et 999.1236.
[3] Créées le 1er juillet 1940, les FAFL regroupent à ses débuts une centaine d’hommes. Il s’agit essentiellement de jeunes hommes, déçus par le manque de formation dispensé dans les écoles de l’armée de l’Air.
[4] CHAPELLE Bruno, Les ailes françaises sous l’uniforme 1912-1945, Histoire et Documents, 2004.